J’avais très envie, pour la semaine québécoise de la déficience intellectuelle, d’écrire un témoignage pour rendre hommage à mon aîné. Je ne savais pas sous quel angle écrire, mais fiston, comme à son habitude, m’a donné l’inspiration parfaite vendredi à la Saint-Patrick.
Mon grand garçon de 7 ans vit avec une paralysie cérébrale. Il s’est installé dans mon ventre peu de temps après que j’aie lancé l’entreprise Les Solfégiens (Do le dodo aime bien dire qu’il est son grand frère…) et a été entouré de musique dès la grossesse. Il s’appelle Sam. Sam, c’est un petit garçon doux, sensible, intelligent, caractériel à ses heures (quel enfant ne l’est pas?), généreux et surtout, très drôle et coquin.
Comme je l’ai dit plus haut, Sam a été exposé à la musique dès la grossesse. Je me rappelle ses coups qui me demandaient « encore » quand je jouais les Canons de Pachelbel à la guitare sur ma grosse bedaine et de ses fous rires lorsqu’on jouait Something des Beatles quand il était bébé. Un des premiers endroits où il est allé lorsqu’il a su se mettre debout, c’était devant le piano. Bref, Sam est musicien.
À la maison, plusieurs instruments sont à la disposition des enfants en tout temps et nous « jammons » ensemble régulièrement. C’est une activité que Sam et son frère de 3 ans adorent. Donc à la Saint-Patrick, après avoir écouté, chanté et dansé sur des gigues irlandaises, j’ai eu envie de montrer le violon aux garçons. Je m’attendais à ce que mon 3 ans veuille en jouer et que Sam n’aime pas trop (comme bien des enfants neurodivergents, il a tendance à ne pas apprécier les sons trop aigus ou forts… les flûtes chez nous, ce n’est pas gagnant). À notre grande surprise, aussitôt sorti de l’étui, Sam a voulu saisir le violon. Bien qu’il adore nos « jams », Sam n’a jamais présenté d’intérêt marqué pour un instrument plutôt qu’un autre. J’ai donc profité de cet intérêt soudain pour l’installer approximativement dans la bonne position, lui ai montré où pincer les cordes et il a joué pizzicato pendant un bon 10 minutes, tout en maintenant la position. Je lui ai ensuite présenté l’archet et il a tout de suite compris le principe : il s’est mis à frotter l’archet sur les cordes avec enthousiasme tout en « hmmant » les notes, pendant presque 20 minutes. Aucun moyen de lui enlever le violon des mains.
Puis, avant le dodo, il nous a demandé « en(c)ore (v)iolon ». « Violon? » Il a bien dit « violon » ?!?
Pour Sam, un nouveau mot peut prendre des semaines, des mois et même des années à apprendre. Et là, moins d’une heure après avoir été mis en contact avec le violon, il le nomme. Wow ! Nous en avons rejoué. Puis samedi, il l’a redemandé. Il se souvenait comment placer ses mains et s’est presque mis en position seul. Je tiens à rappeler qu’à 7 ans, Sam ne tient pas encore un crayon comme il faut et qu’il a énormément de défis de motricité. Mais il a tellement eu de plaisir à jouer du violon et était si fier de lui que se mettre en position allait de soi, aussi difficile que cela puisse être!
Sam nous a donc démontré en un weekend une foule de bienfaits que la musique peut avoir sur le développement global d’un enfant avec des défis particuliers. Et que se passe-t-il lorsqu’une personne utilise les bienfaits de la musique à des fins thérapeutiques afin d’atteindre des objectifs? Cette anecdote avec notre petit violoniste me donne envie de parler de musicothérapie.
La musicothérapie est un outil éducatif et thérapeutique. Elle est particulièrement efficace pour entraîner des changements dans des domaines de compétences qui sont importants pour les personnes qui ont des troubles d’apprentissage, des déficiences intellectuelles, la paralysie cérébrale ou qui ont des troubles envahissants du développement (comme l’autisme). Un peu comme le/la professeur.e d’éveil musical, le ou la musicothérapeute stimulera plusieurs sphères de développement chez ses patient.es avec la musique, à la différence qu’il/elle utilisera la musique pour établir une relation thérapeutique avec ses patient.es et comme outil pour atteindre des objectifs préalablement établis.
Lors de séances de musicothérapie, une personne pourra améliorer son estime d’elle-même, développer un ensemble d’aptitudes sociales, se motiver à faire des efforts moteurs supplémentaires, stimuler sa concentration, son attention et sa mémoire ou encore stimuler son langage et sa communication pour mieux exprimer ses besoins et ses émotions. On l’a vu avec Sam et son violon : la musique est devenue un moteur de motivation pour développer son langage, sa motricité, sa concentration, etc.
Il est donc inutile d’être doué pour ressentir les bienfaits de la musique ou pour être un petit musicien. Est-ce que Sam sera 1er violon dans l’orchestre symphonique ? Très fort probablement pas. Est-ce que son langage, son empathie, ses capacités cognitives et surtout, son bonheur et sentiment d’accomplissement en bénéficient ? Définitivement, oui. C’est exactement à ÇA que sert la musique.
Texte coécrit avec le coeur empli de fierté, par Maman & Marraine